1977
DOC man broke rum runner's code
by Cecil Kenny
One
of the more colorful uses of radiotelegraph was the interception and deciphering of short wave communications
from the Atlantic coast rum runners of the thirties.
Cecil Kenny of DOC's National
Telecommunications Branch provided
evidence from such work in what was called the million dollar liquor conspiracy case.
In 1934, I was the radio operator on board the RCMP Coastguard cutter, Fleurdelis. We were following our usual procedure on patrol of locating rum runners and trailing them until they
escaped in darkness, fog or storm. We had no radar then.
The rum runners' objective was to rendezvous with a shore boat which would
take part of its load of between 1,000 and 5,000 kegs or cases of liquor
and land it at some isolated point on the Nova Scotia coast for transportation to thirsty markets. When the rum runner disposed of its cargo, it went back
to the mother ship, lying on one of the fishing banks with a cargo of up to 20,000 kegs or cases.
One August day that year we were standing by one of the many rum runners operating off the Atlantic coast. I looked at the rum runner's shortwave
antenna strung between its stub masts. If the rum runner's communications were picked up and deciphered, it would be possible to intercept and seize the ship and
its cargo at the drop site inside the three-mile limit.
This would cut down on monotonous and usually fruitless trailing of rum
runners. It also could save thousands of gallons of fuel oil. Not having a shortwave
receiver, I obtained the parts on our next trip into port and constructed
one, ready to intercept the signals of the next rum runner we came across.
The opportunity was not long in coming. I feverishly tuned across the
dial. Being so close, the run runner's key clicks soon led to the frequency of operation, about 60 metres or five megahertz (MHz) in today's parlance. The rolling of both ships made it difficult to follow the signal up and down the dial with one hand while writing down the coded messages with the other.
The signals of other rum runners and the shore station were soon picked
up. After many days of recording enough "traffic", together with the runner's giveaway
pactice of interspersing the code with plain language, I was successful in deciphering the messages.
Our ship's radio station was then supplied with a much more efficient Marconi short-wave receiver. The RCMP's marine section at Halifax was kept informed of rum runners'
movements and intentions. After a few months of this, I was transferred
ashore where I carried on a one-man monitoring and cryptanalysis bureau from my home in Halifax in 1939.
While seizures were made as a result of the interception and deciphering
of rum runners' signals, many times the rum runner was intercepted at the
drop but
got away in his faster boat, sometimes in a hail of machine gun fire from the cutter.
Once, the rum-running control station, apparently aware it was being monitored, called "RCMP" a number of times, using some choice epithets. Nevertheless, we had the last laugh. The
control station had just given instructions for a drop at Portapique
in the Bay of Fundy. Although the rum boat got away, the
liquor-laden trucks were seized.
By late winter and spring 1939, several prosecutions had been
instituted against liquor traffickers for conspiring to defraud the government of lawful revenue. Besides the radio traffic being
available as evidence, coded telegrams sent between persons in the Maritimes and St. Pierre-Miquelon suspected of trafficking in liquor had been subpoenaed. I had decoded a large number of these
messages which were also presented in evidence.
The information contained in them, as well as the
radiocommunications
intercepted
over the years provided valuable evidence which assisted in bringing
the suspects to court. In the trials that followed I appeared as a
witness to testify in support of this evidence. Convictions
followed.
This use and acceptance of deciphered messages as evidence is
believed to be unique in Canadian jurisprudence. Such evidence was
also submitted in American liquor smuggling cases in which Mrs. E.
S Friedman working for the U.S. Coastguard played a prominent role. A short write-up about the latter can be found on pp. 420-22, The Code Breakers, by
David Kahn.
Cecil Kenny,
National Telecommunications Branch

1977
A l'écoute des contrebandiers
par Cecil Kenny
L'un des usages les plus pittoresques du radiotélégraphe fut
sans doute l'interception et le déchiffrage des communications
sur ondes courtes des trafiquants de rhum le long de la côte atlantique au cours des années trente.
Cecil Kenny de la
direction générale des Télécommunications nationales du Ministère nous raconte sa participation à la capture des contrebandiers de la côte Est.
« En 1934,
j'étais opérateur radio à bord
du Fleur-de-lys, un patrouilleur de la Gendarmerie royale du Canada. Nous étions
en patrouille de routine de répérage et de filature des contrebandiers. Nous
les suivions jusqu'à ce qu'ils
s'évanouissent dans la nuit, le brouillard ou la tempête. Nous ne
disposions pas du radar en ce temps-là.
Le
contrebandier rencontrait un bateau de la côte qui le déchargeait d'une
partie de sa cargaison, de 1 000 à 5 000 barils ou caisses d'alcool, accostait
en un endroit désert de la côte de la Nouvelle Écosse d'où le rhum était
expédié vers les marchés «assoiffés». Après avoir livré son lot, le
contrebandier retournait au navire principal, qui se trouvait dans une des zones
de pêche avec une cargaison comportant
parfois jusqu'à 20 000 barils ou caisses.
Un jour d'août,
nous nous tenions près d'un des nombreux
contrebandiers qui trafiquaient le rhum le long de la côte atlantique.
Je pouvais voir
son antenne à ondes courtes accrochée entre
les mâts du bateau. Si nous parvenions à capter et à déchiffrer ses communications, nous
pourrions saisir le bateau et sa cargaison au point de déchargement situé à
l'intérieur des eaux territoriales. Ceci
diminuerait les poursuites vaines et monotones et
permettrait d'économiser des milliers de gallons de mazout!
Notre
patrouilleur ne disposait pas d'un récepteur à ondes courtes. Je me suis
procuré les pièces nécessaires pour en fabriquer un. Nous étions prêts à capter
les signaux du prochain contrebandier que nous rencontrerions.
L'attente fut de
courte durée. Tout excité, j'ai accordé le
récepteur. Nous étions si près que
le bruit de la clé de manipulation
du contrebandier nous a vite indiqué sur quelle fréquence il émettait: 60 mètres -cinq mégahertz
dans le jargon d'aujourd'hui.
J'avais de la
difficulté à suivre le signal d'une main et à copier le message de l'autre, tant les deux bateaux tanguaient.
Puis, j'ai
capté d'autres stations de contrebandiers et leur station côtière. Après les avoir écouté pendant
plusieurs jours, et grâce aux bribes en clair qu'ils laissaient parfois échapper, j'ai déchiffré
leur code.
Un récepteur à
ondes courtes Marconi, beaucoup plus efficace, fut installé à bord du
patrouilleur. Grâce aux renseignements obtenus, nous informions la section
maritime de la GRC à Halifax des allées et
venues et des plans des contrebandiers.
Après quelques
mois, j'ai été muté à terre où j'ai tenu seul, chez moi à Halifax, un bureau
d'écoute et d'analyse cryptographique jusqu'en 1939.
Même si nous
saisissions des cargaisons par suite du déchiffrage des signaux, il n'était pas
rare que, grâce à la rapidité de son bateau, le contrebandier nous file entre
les doigts sous la mitraille du
patrouilleur.
Une fois, la
station principale des contrebandiers, qui
savait apparemment que nous l'écoutions, appela la GRC et l'invectiva de qualificatifs juteux. Nous avons tout de même eu le dernier
mot. La station venait tout juste de donner ses instructions pour le
délestage d'un lot de marchandise à Portapique dans la baie de Fundy. Nous avons saisi des camions remplis d'alcool, mais le bateau des contrebandiers s'est échappé.
A la fin de
l'hiver ou au début du
printemps 1939, nous avons réussi à
intenter plusieurs poursuites judiciaires contre les trafiquants pour tentatives
de détournement de fonds revenant de droit au gouvernement. Les communications
interceptées aidèrent beaucoup. Une citation à comparaître fut aussi
délivrée aux personnes, soupçonnées de contrebande, qui avaient échangé des
télégrammes codés entre les Maritimes et les
îles Saint-Pierre et Miquelon. J'avais déchiffré la plupart de ces messages. Les renseignements qu'ils contenaient et les communications
radio interceptées au cours des années
précédentes, nous donnaient suffisamment de preuves pour faire inculper les
suspects. J'ai par la suite comparu aux divers procès pour corroborer ces
renseignements, et certains contrebandiers furent condamnés.
C'est la seule
fois, dans les annales judiciaires canadiennes, où des messages déchiffrés
furent employés et acceptés en preuve. Il y
a eu des cas semblables aux États-Unis: Mme E. S. Friedman, par exemple,
qui travaillait pour les garde-côtes américains a joué un rôle primordial dans
l'inculpation de trafiquants d'alcool. David Kahn en parle d'ailleurs brièvement
dans son livre, The Code
Breakers (pp. 420-422).»
Cecil Kenny, direction générale des Télécommunications
nationales
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